La résolution du Parlement européen est la plus grande défaite diplomatique du régime algérien depuis l’indépendance du pays, a écrit la sociologue algérien Lahouari Addi sur sa page facebook. D’après lui, la diplomatie algérienne a toujours eu pour souci de montrer à l’opinion et aux institutions internationales que le régime est respectueux d’une constitution d’un Etat de droit, et surtout que l’armée est sous les ordres du président élu démocratiquement par la population.
‘’Cette fiction a perdu de son efficacité, usée par des années de gestion autoritaire, et surtout mise à nu par le slogan exprimé par des centaines de milliers de hirakistes: dawla madania, machi ‘askaria. La population ne veut pas d’un Etat où les dirigeants civils et les députés sont choisis par l’Etat-Major de l’armée et par la police politique qui en dépend. La revendication des hirakistes a été entendue dans toutes les capitales étrangères et a eu un écho retentissant au Parlement Européen’’, dit-il.
Cette résolution indique que l’Algérie est plus proche de la Corée du Nord que de l’image qu’en donne le discours officiel, estime le sociologue. ‘’Dans tous les pays du monde, entre la réalité politique et les textes institutionnels, il y a un décalage. En Algérie, il y a un fossé au point où le régime dépense des millions de dollars pour cacher ce fossé’’, note-il.
Enfin, il dira ‘’maintenant que le roi est nu en Algérie’’, que vont faire les généraux? Il avance deux hypothèses. ‘’Soit ils assument la nature autoritaire et non démocratique du régime, et ils continuent d’emprisonner les journalistes et autres militants du hirak, soit ils prennent au sérieux la constitution et suivent le chemin emprunté par les généraux turcs. La position des généraux est intenable: s’ils veulent le beurre, ils doivent renoncer à l’argent du beurre. Ils ne peuvent pas avoir le beurre et l’argent du beurre’’.