L’ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), M. Said Sadi constate une régression de la politique en Kabylie. Animant un meeting à la maison des associations à Paris, Sadi a commenté longuement sur l’actualité politique nationale.
Selon lui, les intellectuels kabyles dont l’audace et la pertinence intellectuelles firent de leur région un espace de débat et de production autonomes qui inspirèrent en grande partie la réflexion démocratique nationale se réfugient depuis quelques années, dans un attentisme qui fait le lit d’un populisme sur lequel surfe le pouvoir pour domestiquer une dynamique citoyenne qui le défie depuis Avril 1980.
Leur silence devant des abus politiques et des dérapages éthiques commis par des acteurs de la région sont des signes connexes d’une régression morale et intellectuelle qui annonçait la manipulation criminelle de Larba nath Irathen, déplore Said Sadi.
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Selon lui, le poids des pressions incessantes du pouvoir a engendré une régression. Cette dernière est marquée par la démission des voix et des instances. Il dira que les plus aptes à pérenniser ce que l’on peut appeler l’esprit d’avril 80. Une approche qui a lié la réappropriation identitaire au combat des libertés démocratiques. Du coup, réhabiliter dans cette région la capacité d’échanger dans la tolérance tout en portant une parole de qualité est une urgence.
Là encore, Sadi dira qu’il faudra faire preuve de beaucoup d’imagination. La raison? les universités qui furent le fer de lance de la contestation citoyenne ont atteint un tel niveau de délabrement organique et intellectuel. Résultat: il serait vain de croire possible de réensemencer dans l’immédiat la pensée critique dans ces sites
Des exemples à suivre
Pour Said Sadi l’espoir les solutions existent. En effet, il estime qu’à travers les comités de villages que les actions les plus vertueuses doivent être enclenchées. Des initiatives citoyennes y sont déjà prises. il cite les opérations de protection de l’environnement, création de cafés littéraires, programmes de solidarités sociales élaborés en collaboration avec la diaspora, projets d’utilité publique réalisés par des femmes. A ce propos et pour la première fois depuis toujours deux femmes ont fait leur entrée dans cette instance.
Signe de l’apathie culturelle et intellectuelle locale, un acte symbolique aussi capital est quasiment passé inaperçu. Il y a lieu de suivre ces mutations et de systématiser les opérations civiques qui se multiplient pour les transformer en dynamiques de développement permanentes car ces cadres sont les lieux de libération sociale les plus viables. C’est grâce à ces structures que le festival Racont’arts est devenu un évènement culturel de référence.